samedi 10 novembre 2012

Luce Dulac

A chaque jour suffit sa peine

A chaque jour suffit sa peine,
Point n'est besoin de s'angoisser
Car le regret est chose vaine
Avancer droit, sans y penser!

Point n'est besoin de s'angoisser,
Et d'une allure souveraine
Avancer droit, sans y penser,
Car le regret est chose vaine;

Sous une allure souveraine
Les songes noirs sont à chasser,
Car le regret est chose vaine
Mais, pourquoi donc s'en tracasser?

Les songes noirs sont à chasser
Pour retrouver l'âme sereine
Mais pourquoi donc s'en tracasser?
Si l'esprit quiet est une aubaine.

Pour retrouver l'âme sereine,
A chaque étape traverser
Si l'esprit quiet est une aubaine
Pour exister sans se stresser.

A chaque étape à traverser
Ainsi que l'eau de la fontaine,
Pour exister sans se stresser,
Suivons le flux de l'âme humaine!

A chaque jour "Suffit sa Peine! "

                          

Luce Dulac

Console-toi mon cœur


Console-toi mon cœur, si nul ne te console,
Pourquoi pleurer toujours comme un enfant puni,
Sans un cri ton chagrin qui jamais n'est fini
Te livre au désespoir d'enfant dans une école.
               Console-toi mon cœur !

Mon cœur éloigne-toi des lointains crépuscules,
Chacun d'eux est venu vers toi comme un vainqueur,
Et te faisant trop lourd de son propre malheur,
Il t'obsède aujourd’hui de tous ses matricules.
                 Éloigne-toi mon cœur !

Dégage-toi mon cœur, des formes et des heures,
Quitte la chambre tiède aux espoirs infinis
Qui sommeillent en toi, sans objets définis,
Comme sous le couvert tranquille des demeures.
                 Dégage-toi mon cœur !

La nuit que j'attendais pour que mon cœur s'y jette
M'inonde de parfums, de lumière et de voix,
Sous les brumes des soirs des chemins d'autrefois
D'un passé qui n'est plus ce rêve qu'on regrette.
                " Console-toi, mon cœur ! "

vendredi 26 octobre 2012

Yves Olive

Mes Chemins Intérieurs

J'ai forgé dans mon âme une part d'espérance
Pour semer sur mes pas quelques brins d'avenir.
J'ai cherché le chemin afin de parvenir
En un monde serti d'or et de transparence.

Mais les plus belles fleurs meurent d'indifférence,
leur doux parfum s'envole au vent du souvenir,
Leur éclat radieux, au moment de ternir,
Laisse entrer dans mon coeur sa vive fulgurance.

Que reste-t-il alors de ces subtils instants
Emergeant du lointain en dépit des autans,
Comme au fond de la nuit sur les ailes d'un rêve?

Ils révèlent toujours la lumière à mes yeux.
Même si la beauté du jour paraît trop brève,
Mes chemins intérieurs se perdent dans les cieux!
   
                                                           
L'Immortalité

Non ils ne sont pas morts, mais dans l'éternité,
Ils vivent rayonnant de pure transparence,
Après avoir gravé vibrant de délivrance,
En ce monde cruel, un peu d'humanité.

Il suffit d'un instant empreint d'aménité,
Pour éclairer soudain, de joie et d'espérance,
Le malheureux qui souffre en son chemin d'errance,
Dans son rude combat pour plus de dignité.

Rien ne sera perdu, toute oeuvre sur la terre,
S'élevant vers les cieux, irise de mystère,
Les plus humbles élans lorsqu'ils viennent du coeur.

Tout regard fraternel peut vaincre la détresse,
Chaque geste d'amour entrera dans le choeur
De l'immortalité, tel un chant d'allégresse.

                                                          

Jean-Michel Louis


La couleur des billes.


 
Dans les petits matins, cerné par les frimas,
Bien encapuchonné par des mains maternelles,
Je quittais la maison, tout en pressant le pas,
Pour aller à l’école au travers des ruelles.

Mon cœur était serré tout au long du chemin.
Je n’étais pas heureux quand je partais en classe.
Pourtant  comme j’aimais au fond  du patelin,
Sentir les feux de bois, gouter au temps qui passe.

L’horloge du clocher aux accents cléricaux
Egrainait  lentement les minutes restantes,
De cette liberté qui partait en lambeaux,
Quand je passais le porche aux matines sonnantes.
     
Le morne bâtiment se dévoilait enfin.
Je repense à la craie, à la couleur des billes,
A ces jeux si bruyants qu’on pratiquait sans fin,
Où l’on se chamaillait pour quelques peccadilles…

 

EPHEMERE.


 
L’automne est à ma porte et  le temps s’est enfui,
Laissant comme en écho les rencontres charmantes
De ces étés joyeux et de ces nuits ardentes
Où l’on ne se plaisait qu’entre vitesse et bruit.

Le printemps disparu, rempli d’effervescence,
Auquel je pense encore en voyant le passé,
Me fait battre le cœur à ce rythme insensé,
En pensant à ces jours chargés d’insouciance.

Les souvenirs enfuis ne se rattrapent  pas.
L’existence est vécue au travers des écueils,
Se blessant, se brisant au passage des seuils.
Ce n’est qu’un quotidien qui marche à petits pas.

Après  tout ce parcours, nous devenons otage
Du temps qui nous délite et nous met hors saison.
Conjuguons le présent en superbe oraison,
Pour se mettre en congé, tout en tournant la page.
 
 

Lauriane Manneville

 

Camargue I

Une larme d'iris, fine et crissante opale,
Tranche l'air embué de doux gris exalé.
Ventre nu d'un cristal, le reflet délavé
Miroite intensément sur le tremblant pétale.

Calmement, lent et plat, le marécage étale
Ses émaux bleus et verts en cet instant salé.
Le vent rit sur la peau du sentier dévalé,
Sur le ciel dévasté, sur la dune ogivale.

Le flament rose enfin, loin du monde et du sol,
S'élance aveuglément, géométrique envol,
Se mêle au chant du sable, étonnant météore.

Mais bientôt, fatigué, tout semble s'endormir.
Seul et désenchanté s'entend peut-être encore

Des plaintes des roseaux le langoureux soupir.


Camargue II


Les dessins langoureux du sable gris et roux
Caressent tendrement la plage ensorcelée
Et s'enroule aux joncs noirs la poussière esseulée,
Le murmure incessant des grains tristes et doux.

Si le dos, lisse et rond, de multiples cailloux
N'émergeait pas, têtu, de la terre tassée,
L'écume ensoleillée à la pierre entêtée
N'aurait pas écorché ses délicats genoux.

Alors le triste chant ne virvolterait pas,
Il ne sonnerait pas la plainte de son glas...

Mais pour l'heure, écoutez ces terribles musiques !

Les soupirs de l'air froid résonnent sur les mers
Et les cristaux salés, crissants de cris amers,
Etincèlent d'effrois en courbes magnifiques !


Jean-Michel Louis

Clair obscur

 
Poussé par le désir d’atteindre une autre rive,
J’entrais dans la forêt, comme on part dans la nuit,
Pour rejoindre la source et plonger dans l’eau vive,
En prenant ce chemin s’offrant à moi sans bruit.

La ville et ses flonflons, ses strass et ses lumières,
Maquille ses bas-fonds d’un trait mal assuré
D’où le fard dégouline en couvrant ses paupières,
Dérisoires atours d’un quotidien fané.

Là-bas dans la pénombre, à côté de la source,
Le vent du soir se lève et fait chanter le bois.
Le feuillage murmure en arrêtant sa course,
Et c’est l’évènement qui rappelle autrefois

Dans le ciel étoilé recouvrant la ramure,
La nuit prend ses quartiers calmes et rassurants.
Le coucou chante au loin et seul dans la nature,
Avec le cœur léger, je fredonne en rentrant.

 
Le 01.03.2010
 
 

vendredi 20 juillet 2012

Ludovic Chaptal



La ballade du premier mai

Voulant marcher dans son
Bien que ne portant pas son
Ma plume s’habille en
Et s’aventure en la ballade
Le vers, la rime et leur
Sont démodés par la
Pourtant, j’en recueille en
Aux quatre coins de l’horizon.

La Muse, sans nul cotillon,
Cache en sa lyre, une pléiade,
Et comme cent, comme un million,
Se dresse sur la barricade
En souvenir du camarade
Qui, jadis, me fit voir Vierzon,
Tout en rêvant d’une escapade
Aux quatre coins de l’horizon.

En troubadour du Roussillon,
Héritier d’un peuple nomade,
Il a suffi que l’aiguillon
De Cupidon fasse tornade
Pour qu’un doux sentiment s’évade
Avec le muguet de saison
Et que mon cœur parte en balade
Aux quatre coins de l’horizon.

Amie, entends la sérénade
De brins de bonheur à foison
Tel un baiser en promenade
Aux quatre coins de l’horizon.

Didier Porchaire

Ma Chère Marianne,

Je vous joints par avance, au cours d’un bref sonnet,
Pour tenter de sourire, à l’aventure offerte,
Aux fiers audacieux, qui l’ont pourtant soufferte,
Au point de refuser de suivre un gros bonnet.

Saluant le drapeau, vu dès potron-minet,
Vibrant d’un bleu, blanc, rouge orangé sur l’eau verte,
Une  voile marine, à peine  découverte,
La Royale rosit sous un vent tristounet.

Venu de sa Hollande, en un joli bateau,
Qui sillonne le fleuve, à l’abri du château,
Observé d’un hublot, le Président s’informe.

Nicolas souviens-toi de ce destin biblique,
Où nous nous mélangeons, d’une plastique informe.
Le doux accord s’écrit « cinquième République ».

Pourquoi la versification régulière?



Rimes féminines et masculines, diérèses, synérèses, hiatus, e muet, règles, rigueur, discipline, l’imaginaire aime fantasmer sur la poésie classique ou régulière. Qui sont ces poètes assez fous aujourd’hui encore pour créer sous l’égide de lois antiques, démodées, sûrement passéistes et réductrices ? La « liberté » en art et spécialement en écriture et poésie semble l’outil premier pour la sincérité. Cette liberté serait l’absence de règle. Or, ce n’est ni l’avis ni le plaisir de tous.

Pourquoi cet attrait toujours bien vif chez certains poètes de tous âges et de tous horizons pour la versification régulière ?

Parce que réussir à créer dans un cadre décuple le pouvoir des mots.
Parce que toute vérité n’existe que grâce à son contraire, et donc que la vraie liberté du poète s’exprime en fonction de ces lois.
Parce que ces règles sont l’universelle musique, musique qui offre au poète un outil de communication avant le langage même, musique qui s’adresse à l’inconscient du lecteur, avant le sens des mots pour que le tout façonne l’émotion la plus grande.

Personnellement, m’essayant également à la prose et à la poésie dite « libre », je puis assurer que la poésie régulière est un outil essentiel pour ces autres formes d’expression littéraire.

Autant d’arguments qui, je l’espère, feront saisir l’intérêt d’un tel mode d’expression. Bien d’autres justifications viendront dans l’esprit de chacun, des critiques également, elles sont toutes les bienvenues. Mais à chaque poète de s’essayer à la poésie régulière et de se plaire, ou non, à ce plaisir nouveau, immensément accentué par la contrainte…


Lauriane Manneville.

La poésie en Bourgogne

Merveilles du patrimoine bourguignon, poésie et musique se sont alliées le dimanche 25 juillet 2010 pour enchanter un public nombreux. La ville de Beaune ouvre chaque été ses cours et ses jardins lors d’un festival intimiste autour des arts. La petite -et joyeuse- équipe de poètes, élèves de Mme Odile Coche-Dury, a renouvelé l’expérience d’un récital de poésie entrecoupé d’interludes musicaux (un précédent avait eu lieu à Asnières-les-Dijon en octobre 2009).

Quelle joie de travailler ensemble, d’organiser ensemble une manifestation modeste mais qui émeut toujours ! Au pied du beffroi, la cour de l’hôtel Boussard-de-la-Chapelle et sa jolie fontaine sont devenus le théâtre charmant de ce partage poétique. La Ville de Beaune a bien voulu mettre à notre disposition un matériel remarquable et le soutien des techniciens tout le long de la soirée nous a beaucoup aidés. Après une journée de répétitions, angoisses et excitations multipliées, le récital n’a pas été moins riche en émotion. Et malgré la fraîcheur de cette nuit estivale, le public ne s’est pas découragé. Cent-trente personnes ont apprécié le tendre humour de Lydie Pinois, les visions tourmentées d’Augustin Bayle et d’Henry Clerc, les fraîches images d’Annick Porcheret, les odes à la nature de Chantale Payard, les joyeuses nostalgies de Jean-Michel Louis, les riches déclamations d’Odile Coche-Dury et les images bleutées de Lauriane Manneville.

Si la poésie est certes elle-même musique, quelques interludes s’imposent comme prolongation à la rêverie, respiration entre chaque poète. Des œuvres à la guitare, au chant, au piano et à la flûte ont été choisies en amont et interprétées par Christine Mange, Henry Clerc et Lauriane Manneville. Cette formule est plaisante.

Il nous faut remercier chaleureusement tous ceux qui ont rendu possible ce moment d’exception : Odile Coche Dury, la Ville de Beaune, les artistes, les amis fidèles et, bien sûr, le public !

L.M.

Retour sur l’Assemblée générale du 21/11/10

Un ciel parisien sans nuage, un air hivernal mais frais a poussé quelques amis poètes dimanche dernier au café de la gare d’Austerlitz… La traditionnelle assemblée générale de l’académie s’est rapidement muée en un lieu d’échange et de réflexion intense sur la situation actuelle de la poésie de versification régulière et plus particulièrement sur l’avenir de l’Académie. Tout d’abord, selon certains, inquiets, les règles aujourd’hui font peur, l’Académie attire de moins en moins d’adhérents, la poésie est vouée à sa perte. Mais tout de suite, beaucoup s’insurgent ! Les généralités trompeuses, les craintes – certes justifiées – sont débattues.

Après ce dialogue constructif, plusieurs grandes idées ont émergé. L’importance de la communication comme fondement de la nouvelle politique de l’Académie se trouve unanimement soutenue. Pour se faire, l’ouverture du site Internet est le cœur de ce nouveau processus. Un an auparavant, à l’Assemblée générale de 2009, la création de ce site avait été décidée. Augustin Bayle, porteur du projet, a travaillé l’année entière à cette idée. Il est hélas absent, mais tous nos espoirs se concentrent sur ce jeune homme de 18 ans. Le site est donc au fondement de l’avenir que nous souhaitons tous pour l’académie. Le dynamisme autour de l’ouverture de ce site est également porté par Lydie Pinois qui a travaillé sur Poètes prend ton luth, le livre clé pour nous tous, petit précis de versification, utile et clair, réalisé par Hermine Vernot-Fouqué. La mise en ligne de ce précieux recueil nous semble à tous un bel hommage à cette grande dame de la poésie. 

L’optimisme est donc revenu sur le devant de la scène ! Un bilan de quelques actions emblématiques a été fait et l’enthousiasme devant leur succès a été partagé. En effet, un récital réunissant plusieurs poètes à Beaune, la fin d’une exposition dans le Pays de Gex ont apporté des expériences éclairantes. S’est ensuivi un joyeux banquet accompagné de la remise des prix, de lectures émouvantes et joyeuses et de la fameuse loterie.

Nous saluons tous la création tant attendue de ce site internet qui permettra une ouverture de plus sur le monde pour l’Académie. Réjouissons-nous de ce nouvel outil puissant pour l’échange et le plaisir poétique !

L.M.