vendredi 26 octobre 2012

Lauriane Manneville

 

Camargue I

Une larme d'iris, fine et crissante opale,
Tranche l'air embué de doux gris exalé.
Ventre nu d'un cristal, le reflet délavé
Miroite intensément sur le tremblant pétale.

Calmement, lent et plat, le marécage étale
Ses émaux bleus et verts en cet instant salé.
Le vent rit sur la peau du sentier dévalé,
Sur le ciel dévasté, sur la dune ogivale.

Le flament rose enfin, loin du monde et du sol,
S'élance aveuglément, géométrique envol,
Se mêle au chant du sable, étonnant météore.

Mais bientôt, fatigué, tout semble s'endormir.
Seul et désenchanté s'entend peut-être encore

Des plaintes des roseaux le langoureux soupir.


Camargue II


Les dessins langoureux du sable gris et roux
Caressent tendrement la plage ensorcelée
Et s'enroule aux joncs noirs la poussière esseulée,
Le murmure incessant des grains tristes et doux.

Si le dos, lisse et rond, de multiples cailloux
N'émergeait pas, têtu, de la terre tassée,
L'écume ensoleillée à la pierre entêtée
N'aurait pas écorché ses délicats genoux.

Alors le triste chant ne virvolterait pas,
Il ne sonnerait pas la plainte de son glas...

Mais pour l'heure, écoutez ces terribles musiques !

Les soupirs de l'air froid résonnent sur les mers
Et les cristaux salés, crissants de cris amers,
Etincèlent d'effrois en courbes magnifiques !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire