vendredi 26 octobre 2012

Yves Olive

Mes Chemins Intérieurs

J'ai forgé dans mon âme une part d'espérance
Pour semer sur mes pas quelques brins d'avenir.
J'ai cherché le chemin afin de parvenir
En un monde serti d'or et de transparence.

Mais les plus belles fleurs meurent d'indifférence,
leur doux parfum s'envole au vent du souvenir,
Leur éclat radieux, au moment de ternir,
Laisse entrer dans mon coeur sa vive fulgurance.

Que reste-t-il alors de ces subtils instants
Emergeant du lointain en dépit des autans,
Comme au fond de la nuit sur les ailes d'un rêve?

Ils révèlent toujours la lumière à mes yeux.
Même si la beauté du jour paraît trop brève,
Mes chemins intérieurs se perdent dans les cieux!
   
                                                           
L'Immortalité

Non ils ne sont pas morts, mais dans l'éternité,
Ils vivent rayonnant de pure transparence,
Après avoir gravé vibrant de délivrance,
En ce monde cruel, un peu d'humanité.

Il suffit d'un instant empreint d'aménité,
Pour éclairer soudain, de joie et d'espérance,
Le malheureux qui souffre en son chemin d'errance,
Dans son rude combat pour plus de dignité.

Rien ne sera perdu, toute oeuvre sur la terre,
S'élevant vers les cieux, irise de mystère,
Les plus humbles élans lorsqu'ils viennent du coeur.

Tout regard fraternel peut vaincre la détresse,
Chaque geste d'amour entrera dans le choeur
De l'immortalité, tel un chant d'allégresse.

                                                          

Jean-Michel Louis


La couleur des billes.


 
Dans les petits matins, cerné par les frimas,
Bien encapuchonné par des mains maternelles,
Je quittais la maison, tout en pressant le pas,
Pour aller à l’école au travers des ruelles.

Mon cœur était serré tout au long du chemin.
Je n’étais pas heureux quand je partais en classe.
Pourtant  comme j’aimais au fond  du patelin,
Sentir les feux de bois, gouter au temps qui passe.

L’horloge du clocher aux accents cléricaux
Egrainait  lentement les minutes restantes,
De cette liberté qui partait en lambeaux,
Quand je passais le porche aux matines sonnantes.
     
Le morne bâtiment se dévoilait enfin.
Je repense à la craie, à la couleur des billes,
A ces jeux si bruyants qu’on pratiquait sans fin,
Où l’on se chamaillait pour quelques peccadilles…

 

EPHEMERE.


 
L’automne est à ma porte et  le temps s’est enfui,
Laissant comme en écho les rencontres charmantes
De ces étés joyeux et de ces nuits ardentes
Où l’on ne se plaisait qu’entre vitesse et bruit.

Le printemps disparu, rempli d’effervescence,
Auquel je pense encore en voyant le passé,
Me fait battre le cœur à ce rythme insensé,
En pensant à ces jours chargés d’insouciance.

Les souvenirs enfuis ne se rattrapent  pas.
L’existence est vécue au travers des écueils,
Se blessant, se brisant au passage des seuils.
Ce n’est qu’un quotidien qui marche à petits pas.

Après  tout ce parcours, nous devenons otage
Du temps qui nous délite et nous met hors saison.
Conjuguons le présent en superbe oraison,
Pour se mettre en congé, tout en tournant la page.
 
 

Lauriane Manneville

 

Camargue I

Une larme d'iris, fine et crissante opale,
Tranche l'air embué de doux gris exalé.
Ventre nu d'un cristal, le reflet délavé
Miroite intensément sur le tremblant pétale.

Calmement, lent et plat, le marécage étale
Ses émaux bleus et verts en cet instant salé.
Le vent rit sur la peau du sentier dévalé,
Sur le ciel dévasté, sur la dune ogivale.

Le flament rose enfin, loin du monde et du sol,
S'élance aveuglément, géométrique envol,
Se mêle au chant du sable, étonnant météore.

Mais bientôt, fatigué, tout semble s'endormir.
Seul et désenchanté s'entend peut-être encore

Des plaintes des roseaux le langoureux soupir.


Camargue II


Les dessins langoureux du sable gris et roux
Caressent tendrement la plage ensorcelée
Et s'enroule aux joncs noirs la poussière esseulée,
Le murmure incessant des grains tristes et doux.

Si le dos, lisse et rond, de multiples cailloux
N'émergeait pas, têtu, de la terre tassée,
L'écume ensoleillée à la pierre entêtée
N'aurait pas écorché ses délicats genoux.

Alors le triste chant ne virvolterait pas,
Il ne sonnerait pas la plainte de son glas...

Mais pour l'heure, écoutez ces terribles musiques !

Les soupirs de l'air froid résonnent sur les mers
Et les cristaux salés, crissants de cris amers,
Etincèlent d'effrois en courbes magnifiques !


Jean-Michel Louis

Clair obscur

 
Poussé par le désir d’atteindre une autre rive,
J’entrais dans la forêt, comme on part dans la nuit,
Pour rejoindre la source et plonger dans l’eau vive,
En prenant ce chemin s’offrant à moi sans bruit.

La ville et ses flonflons, ses strass et ses lumières,
Maquille ses bas-fonds d’un trait mal assuré
D’où le fard dégouline en couvrant ses paupières,
Dérisoires atours d’un quotidien fané.

Là-bas dans la pénombre, à côté de la source,
Le vent du soir se lève et fait chanter le bois.
Le feuillage murmure en arrêtant sa course,
Et c’est l’évènement qui rappelle autrefois

Dans le ciel étoilé recouvrant la ramure,
La nuit prend ses quartiers calmes et rassurants.
Le coucou chante au loin et seul dans la nature,
Avec le cœur léger, je fredonne en rentrant.

 
Le 01.03.2010