mercredi 30 octobre 2013

Thierry Sajat

Je voudrais te donner

Je voudrais te donner tout ce que je n’ai pas
Tout ce que je n’ai plus, la moitié de mes pas
Sous la semelle usée des chemins parcourus
Et des soirs fatigués, à peine disparus

De ma mémoire longue… Oh je voudrais encor
Te donner ma raison, et ce dernier accord
Sur la guitare bleue de Lorca, chaque cri
Sous l’aile-lyre des oiseaux qui ont écrit

Dans la marge du ciel les poèmes du vent
En graffitis de brume… Et la nuit qui se fend
Dans sa petite mort, sous la tuile brisée
Du matin meurt encor, à peine reprisée,

Comme ce drap de lune étendu aux fenêtres
Du désamour… Je sais les songes qui pénètrent
Le temps d’avant le temps. Je voudrais te donner
Ce que je n’ai pas, moi qui n’ai su pardonner

A personne le mal de l’enfance… Je crois
Que l’âme forge au cœur, sous de lointaines croix,
L’écriture à venir… J’entends monter le jour,
Je voudrais te donner ce qu’il reste d’amour,

Ce dernier souffle avant la fin, l’aile géante
De l’albatros blessé dont Baudelaire chante
La mémoire et la mer… Un parfum de bohême
Pique les yeux cernés de mon dernier poème

Tandis que Léo dort dans l’alcôve du monde


Les mots ne sont plus que des mots

Les mots ne sont plus que des mots,
La poésie tire ses ailes
Et je n’ai d’âme, demoiselle,
Que pour tes yeux dont les émaux

Ont des aurores de pastel,
Des crépuscules de lilas…
Les mots en robe de gala
Ont des rimes en parentèle

Et l’assonance de ta voix,
Comme un verbe que l’on conjugue
Au temps d’aimer, dans une fugue,
Au prélude de nos émois.

Mes mots ne sont plus que bohème,
Des voyelles en fleur de jour,
En octosyllabes d’amour
Sous ma plume qui les poème

Comme le cygne au fil d’étang
Sur tes miroirs aux reflets verts….
Les mots font écrirle le temps,
Pour toi sera mon dernier vers….

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire