lundi 18 novembre 2013

Roland Marlet

Poète, qui es-tu ?

Ainsi qu’un vagabond, le poète s’en va
Sur un chemin désert, flânant au fil du rêve.
Il espère en sa Muse et chante à cappella
Pour que naissent les mots tout imprégnés de sève.

Rapporteur, avocat, conteur ou procureur,
Sur le papier s’écrit le sang d’une blessure.
Alors, d’un trait de plume, il éloigne la peur
Et fait naître un sourire ainsi qu’une parure.

Est-il encore utile en ce monde savant ?
Mais s’il ferme les yeux pour chercher la lumière,
Il verra l’invisible, esseulé dans le vent.
Sans lui, rien ne serait s’il levait la paupière.

Dans sa cage de verre, il tourne titubant,
Apprivoise le rythme, invente une harmonie.
On le croit immortel quand il parle d’antan
Et qu’il regarde au loin, amoureux de la vie.

Nourri d’évasion pour une éternité,
De la rime et du mot, prisonnier volontaire,
Il défiera le ciel qui dans sa pureté,
Bousculera les ans de ce vol solitaire.

Mage visionnaire, enfermé hors du temps,
Il fait chanter les mots en leur donnant une âme.
Peignant à sa façon, je voudrais, pour longtemps
Que cette confession puisse être une oriflamme.


Théâtre antique
                               en souvenir des Choralies de Vaison-la-Romaine

Comme un hymne à la vie en un soir cristallin,
La musique des mots fait taire le silence,
S'élève des gradins en un trait sibyllin
Qui caresse le ciel étoilé de Provence.

La pierre crevassée à la peau de crapaud
Et la terre de lune offerte au nouveau pâtre
S'étonnent de paraître au milieu du troupeau
Dont le plain-chant résonne en l'antique théâtre.

Ineffable soirée ! Indicible décor
Qui sublime la ronde à l'humeur hésitante,
Glisse comme une plainte au milieu de l'accord
Et fait parfois crier la note militante.

Patinée aux sueurs, aux caresses des pieds,
La pierre se souvient, maintenant s'interroge
Sur les siècles passés, martyrs sacrifiés,
Pendant que la chanson entreprend son éloge.

Et les piliers tronqués de la divinité
Frissonnent de plaisir en ombres sur les toiles,
Quand le dernier accord de cette éternité
Emerge des gradins pour toucher les étoiles.

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